[En Images] La diaspora indienne de France et la communauté ultramarine célèbrent la fête du Pongal à Paris

[En Images] La diaspora indienne de France et la communauté ultramarine célèbrent la fête du Pongal à Paris

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Ce dimanche 14 janvier, la diaspora indienne de France et la communauté ultramarine se sont données rendez-vous afin de célébrer la fête du Pongal, dans le 18ème arrondissement de la Capitale. Célébrée en Inde ou encore, à l’île Maurice et dans les Outre-mer tels que La Réunion, la Martinique et la Guadeloupe, la fête du Pongal annonce le début de la moisson des champs. En encadré, les explications de l’enseignant-chercheur à l’EPHE, Appasamy Murugaiya.

Cette journée de rassemblement a été organisée par M. Ravishankar, Premier vice-président de l’Organisation Globale du Peuple Indien d’Origine (Gopio) Francophone. Plus de 400 personnes ont participé à cette célébration dans le 18ème arrondissement de Paris. Parmi lesquels, de nombreux représentants de l’île Maurice, des Seychelles, de Guadeloupe, de Malaisie ou encore, d’Afrique. Le maire du 18ème arrondissement, Éric Lejoindre, est également venu partager un moment de cette célébration. Appasamy Murugaiya, Enseignant-chercheur à l’EPHE, nous explique le sens du Pongal.

Crédits Images: Outremers360

Qu’est-ce que le Pongal ?

Le mot « pongal » est très riche de significations, encrées profondément dans son passé millénaire mais qui ne cessent d’évoluer. Son sens littéral de « bouillonnement », « débordement », indique l’abondance, le partage et enfin symbolise ainsi la fête la plus importante des Tamouls, voire de l’Inde du Sud. Pongal est également riche en souvenir: les odeurs d’épis de riz frais, de canne à sucre, de bananes et de légumes frais, l’odeur du lait bouilli et du riz mélangés à la mélasse ; bref la joie de la fête et du partage de la générosité de la nature.

Dans le monde indien, le sacré ne se sépare pas du profane. Le Pongal est célébré traditionnellement en l’honneur du soleil, des bovins et de la nature en général qui accompagnent les Tamouls dans leurs nobles tâches agraires. Par ailleurs beaucoup de fêtes dans ce sous-continent sont liées au monde rural. En effet, 70% de la population vit dans des villages et dépend de l’agriculture. C’est avant tout la fête de la moisson du riz. L’importance du riz dans la culture tamoule est très clairement soulignée dans le vers 1330 du Tirukkural, « Seuls ceux qui vivent de l’agriculture mènent une existence réelle, tous les autres dépendent des cultivateurs pour subsister ». En effet, la fête de Pongal symbolise aussi le solstice d’hiver et l’entrée de l’astre soleil dans le signe du capricorne.

La fête de Pongal s’étale sur quatre jours. Le premier jour est consacré au renouvellement – les maisons sont nettoyées, repeintes et mises à neuf, on jette les vieux vêtements – symbolisant l’entrée dans une nouvelle vie. Le deuxième jour, le jour du Pongal, sur un foyer installé à ciel ouvert au petit matin on met à bouillir du riz avec du lait frais et de la mélas- se, en laissant le mélange déborder, ce qui explique l’origine étymologique du Pongal. Le troisième jour, MâTTu Pon- gal, est destiné à rendre hommage aux bovins, les compagnons fidèles de la vie agraire. Le bétail est lavé et orné de guirlandes; les cornes des bovins sont peintes de diverses couleurs et ils peuvent paître à leur gré. Le dernier jour, Kâ- num Pongal est consacré à la rencontre des familles et des amis : les gens se réunissent à la plage et sur les bords des rivières pour y pratiquer des jeux et des arts martiaux traditionnels.

Comme nous le savons les Tamouls sont partis comme travailleurs agricoles à travers le monde dans les cinq continents il y a presque deux siècles et ont toujours gardé leurs traditions depuis. La culture tamoule dépasse aujourd’hui les fron- tières désignées par les poètes tamouls il y a plus de deux mille ans, à savoir : les monts VêngaDam au nord et le cap Comorin au sud. Les Tamouls de Malaisie, de Singapour, d’Afrique du Sud, de l’île de la Réunion et de l’île Maurice célèbrent le Pongal. Par contre, en Guadeloupe et Martinique le Pongal n’est plus qu’un souvenir à restaurer. Mais l’ex- pression « pati an pongol » est passée dans la langue, qui veut dire « tout est en désordre ! ».

C’est grâce à l’acceptation de cette diversité, au cours du temps, que la fête de Pongal est devenue une fête commune à tous les Tamouls de toutes religions, cultures et régions, et est reconnue comme symbole d’unité et de solidarité. Le Pongal désigne aujourd’hui, petit à petit, un évènement social qui s’est répandu à travers le monde. Cette fête, comme écrivait SML Lakshmanan Chettiar, est la fête tamoule la plus importante et la plus séculière de toutes. Les Tamouls de Malaisie dès les années cinquante avaient très judicieusement mis en pratique cet aspect séculier de Pongal en la décrétant simplement comme la fête de tout homme ayant pour point commun la langue tamoule quelle que soit sa caste ou sa religion. De plus, l’Eglise catholique avait également intégré le Pongal parmi les fêtes. A notre époque de communi- cation, le tamoul s’est étendu aux quatre coins de l’univers plus que jamais, et s’acclimate à son nouvel environnement linguistique et culturel. Ce qui veut dire que l’aspect pluriculturel du tamoul est une réalité sociale et linguistique in- contournable et la fête du Pongal en est devenue la célébration. Dans ce même esprit unificateur s’inscrit la fête de Pon- gal d’aujourd’hui à laquelle nous ont conviés les organisateurs. Qu’ils soient chaleureusement salués pour leur initiative.

Par Appasamy Murugaiya, enseignant-chercheur à l’EPHE.