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Après observation des comptes administratifs pour l’année 2015, la chambre régionale des comptes a épinglé dans un avis, la situation financière de la ville.
Saisis par le préfet de Guadeloupe le 6 décembre, les magistrats de la chambre régionale des comptes ont procédé à la vérification des comptes administratifs 2015 de la ville de Pointe-à-Pitre. L’autorité financière met en exergue plusieurs irrégularités. D’abord, un déficit réel nettement supérieur à celui calculé par la ville. Elle fait état de près de 22 millions d’euros au lieu des 8 millions d’euros inscrits dans les comptes administratifs. Un écart qu’elle explique par une masse salariale importante pour une ville de 12 000 habitants. « L’effectif de la commune ne devrait pas dépasser 344 agents au lieu des 616 agents décomptés au 31 décembre 2015 », souligne le document de la Chambre régionale des comptes. À cela s’ajoute une rémunération plus avantageuse comparée au salaire moyen des agents communaux. « Le coût moyen par poste (titulaires et non titulaires confondus) s’élève à 44 951 €, niveau très supérieur à la moyenne observée dans les communes de la Guadeloupe, de 39 629 € en 2015, sans que le profil des emplois puisse l’expliquer puisque ceux-ci relèvent en majeure partie de la catégorie C et que le taux d’encadrement apparaît singulièrement modeste », poursuit-elle.
L’institution critique également le manque d’attention de la commune concernant le programme de rénovation urbaine dont la commune assure la maîtrise d’ouvrage. « Malgré les enjeux considérables en termes financiers et sociaux, la comptabilité et le suivi par la commune des engagements dudit programme sont lacunaires ».
Une dette par habitant multiplié par 4
La Chambre régionale des comptes relève également que cette situation déficitaire pèse lourdement sur les administrés pointois. « Cette dette atteint 2 922 € par habitant, montant le plus élevé des communes de la Guadeloupe dont la dette moyenne s’établit à 793 € par habitant ».
Pourtant, pour assurer son fonctionnement, la commune dispose de ressources considérables. « La dotation globale de fonctionnement versée par l’Etat s’élève à plus du double de la moyenne de la strate (535 €/hab contre 206 €/hab. dans un autre commune avec le même nombre d’habitants), les autres impôts et taxes – incluant l’octroi de mer – à plus de neuf fois la moyenne de la strate (966 €/hab. à Pointe-à-Pitre contre 106 € en moyenne pour les communes comparables) ». S’ajoute à cela une fiscalité locale avantageuse. « Ce déficit structurel n’apparaît pas imputable à une insuffisance de recettes réelles de fonctionnement ; celles de la commune de Pointe-à-Pitre représentent, en 2015, 2 691 € par habitant tandis que celles des communes de même strate ne sont que de 1 355 € par habitant en moyenne ».
Un retour à l’équilibre d’ici 2020
Ainsi, la Chambre régionale des comptes a dressé plusieurs recommandations pour permettre un retour à l’équilibre d’ici 2020. Elle recommande ainsi une forte diminution des charges de fonctionnement appuyée notamment sur le recensement des emplois communaux, des fonctions auxquelles ils sont affectés et la vérification du service fait justifiant le versement des rémunérations, le non remplacement des agents partant à la retraite et l’arrêt de nouveaux recrutements. Elle propose entre autre une limitation des programmes d’équipement à 1 M€ par an, sauf opérations relevant de la sécurité et de l’urgence, avec la mise en place d’un comité de pilotage de la maîtrise budgétaire pour accompagner le retour à l’équilibre. Interrogé par RCI, le maire de la ville Jacques Bangou dit avoir pris note de cet avis de la Chambre régionale des comptes. Il indique « qu’il procédera une réduction progressive de la masse salariale sans pour autant renoncer à la transformation du territoire à laquelle il s’est engagé et sans augmenter les impôts ».