Festival des langues et cultures, « le mois Kréyol » revient cette année et célèbre les patrimoines immatériels. Une 3ème édition qui aura lieu du 9 octobre au 9 novembre prochain avec une programmation toujours plus riche, s’étendant sur différents et plus nombreux territoires afin d’établir un parallèle vivant entre langue et culture, dialogue et art. Demandez le programme.
Le créole est, contrairement aux idées reçues, une langue à part entière, pourvue d’une grammaire et d’un lexique complets, parlé par plus de 15 millions de personnes dans le monde, dont 10 millions de locuteurs de créoles français. On compte environ 127 créoles différents dans le monde, dont 15 issus du Français.
Parmi les États où le créole bénéficie d’un statut gravé dans la constitution figurent Haïti qui met le créole sur le même pied d’égalité que le Français, l’archipel des Seychelles qui fait pareil avec l’Anglais et le Vanuatu qui a reconnu le créole mélanésien, bichelamar (langue véhiculaire ou pidjin à base lexicale anglaise), comme sa langue officielle au même titre que le Français et l’Anglais.
Toutefois, la reconnaissance officielle du créole ne supprime pas nécessairement les préjugés dévalorisants. C’est pourquoi un certain nombre d’associations de défense du créole tentent de lui donner un caractère d’identité propre en le structurant et en le mettant en valeur. C’est d’ailleurs sous leur pression et celle des États créolophones qu’en 1983, l’Unesco décrétait le 28 octobre comme journée internationale de la langue créole et ses cultures.
Défendre et promouvoir la langue créole et ses cultures
Dès lors, les manifestations autour du créole fleurissent au mois d’octobre participant ainsi à cette volonté des associations de défendre et de promouvoir la langue créole et ses cultures.
C’est dans cet esprit qu’en 2017 et 2018, la compagnie Difè Kako a entrepris de célébrer la langue créole en créant autour d’elle un festival dénommé « Le mois Kréyol ». Ce festival artistique et pluridisciplinaire se propose un mois durant de faire montre du savoir-faire et des qualités artistiques des acteurs du monde culturel créole avec une programmation éclectique comprenant aussi bien du théâtre, de la danse, des contes, de la musique, des films-documentaires que des tables-rondes et ateliers de toutes les disciplines.
Bref, une vraie ruche culturelle éclatée dans plusieurs régions de France (Paris, Ile-de-France, Strasbourg), mais aussi en Guadeloupe, en Martinique et au Canada. Car ce festival trouve aussi son originalité dans son caractère itinérant.
Un regard neuf à la croisée des continents et des cultures
Pour cette 3ème édition qui se déroulera du 9 octobre au 9 novembre prochain, le thème choisi est « Les patrimoines immatériels, entre passé et présent, entre tradition et modernité ». Histoire de poser un regard neuf à la croisée des continents et des cultures.
Outre l’ancienne ministre des outre-mer, George Pau-Langevin qui a accompagné ce festival depuis sa création, la journaliste Audrey Pulvar et l’universitaire Corinne Mencé -Caster – toutes deux martiniquaises – ont accepté d’être les marraines de cette édition 2019 qui portera une attention toute particulière sur des artistes venus de la Guyane et de la Réunion avec notamment la présence de Wapa, un groupe de danses traditionnelles de Guyane qui participera à de nombreuses conférences dansées sur les patrimoines immatériels, des temps de transmission et des ateliers.
Une programmation riche et éclectique
Cette programmation compte également de nombreuses troupes, compagnies et musiciens. Citons pêle-mêle la compagnie Difé Kako, organisatrice de cet évènement, le Collectif original Magik Step en danses. Côté théâtre, la compagnie Grand Carbet nous propose « Frankito -Bodlanmou pa lwen », tandis que la compagnie Insolites nous offre « Maché -Vensé Tjenbé ». S’agissant des spectacles musicaux, les spectateurs pourront méditer sur le nouveau spectacle de Gerty Dambury intitulé « Ne pas céder sur ses rêves » ou celui de Carte Blanche.
Quant à la partie musicale plusieurs grands noms viendront l’enrichir puisque l’on note la participation de Jacques Schwartz-Bart en quartet, du flûtiste Max Cilla ou encore du maître du chouval bwa, Dédé St-Prix, pour ne citer que ceux-là. Par ailleurs, plusieurs films-documentaires devraient être projetés parmi lesquels « Sac la mort » du Réunionnais Emmanuel Parraud ou la « La Guyane » de Michel Aubert.
Enfin, ce festival est aussi l’occasion de favoriser et de valoriser les pratiques amateurs à travers l’organisation de nombreux ateliers et stages d’initiation. En ce mois d’octobre, on peut vraiment dire que le créole sera décliné dans toutes les disciplines à l’occasion du festival « Le Mois kréyol ».
E.B.