« Bonne année au Mali » de l’auteur guadeloupéen Salif Sidibé : Un hymne à l’Afrique et à ses traditions

« Bonne année au Mali » de l’auteur guadeloupéen Salif Sidibé : Un hymne à l’Afrique et à ses traditions

Entre essai, récit et pièce de théâtre, l’auteur guadeloupéen autodidacte, Salif Sidibé, nous livre une analyse fine et acérée des sociétés africaines avec l’exemple malien dans « Bonne année au Mali » paru aux éditions Jets d’encre. Un premier ouvrage au style engagé en forme de défense d’une culture traditionnelle et des coutumes menacées par le modernisme et l’hégémonie des croyances occidentales et orientales.

Le Mali, l’un des plus vastes États d’Afrique de l’Ouest après le Niger, comme bon nombre d’autres pays de la région, est secouée depuis quelques années par des crises successives à la fois sociopolitiques et économiques qui le minent. Cet État de 19 millions d’habitants constitué de nombreuses ethnies, faisant partie des 48 pays les moins avancés sur le plan économique, est en proie à des conflits communautaires récurrents et fait en outre l’objet d’attaques djihadistes incessantes. Situation sociopolitique incertaine, marasme économique, conflits interethniques, violences, insécurité, le pays est au bord du chaos.

C’est dans ce contexte que l’auteur guadeloupéen Salif Sidibé a choisi de faire paraître aux éditions Jets d’Encre « Bonne année au Mali », son premier ouvrage. En effet, cet autodidacte, fils d’un ancien combattant survivant de la seconde guerre mondiale, résidant à Basse-Terre en Guadeloupe, porte un regard certes de l’extérieur, mais aussi de fin connaisseur des méandres de la situation géopolitique, historique et économique du Mali. Une analyse acérée mais néanmoins fine des sociétés africaines et singulièrement celle du Mali.

Des traditions culturelles négro-africaines en péril

Dans un style engagé, mais également chatoyant, cet amoureux des belles lettres, entre essai, récit et pièce de théâtre, s’applique à défendre une culture traditionnelle et des coutumes qu’il juge menacées au profit d’un modernisme à tout crin et de croyances occidentales et orientales.

Salif Sidibé prend pour exemple le Mali, pays qu’il connaît bien pour y avoir séjourné régulièrement, mais c’est toute la culture négro-africaine qu’il considère être en péril. Une culture minée par les affres et les scories de l’esclavage et de la colonisation. « De l’Angola à Zanzibar, les ravages causés par l’esclavage ont porté un coup fatal aux traditions culturelles négro-africaines », assure-t-il, tout en estimant « encore plus longs les délais que mettra l’afro-descendance à se remettre des troubles affectifs subis ».

Et même si son héros « Bambada », surnommé « Gueule-de-caïman » doit receler de mille trésors de sa langue natale pour raviver les vieilles légendes et la sagesse de ses ancêtres dans l’esprit de ses compatriotes. Même si dans son monde les étoiles sont pour la plupart blanches – métaphore pour montrer que même les rêves et les pensées émanent de l’occident – « Bambada » devra user de tout son talent de griot pour convaincre la population afro-descendante de la beauté et de la richesse de ses origines, Salif Sidibé, ce dévot du griot actif, croit cependant à une renaissance des traditions culturelles négro-africaines. Car ce sont des peuples résilients et l’Afrique, berceau de l’humanité, possède des ressources à revendre et est par essence immortelle.

Après tout, comme le suggère Salif Sidibé, ce disciple du mode narratif mandingue, « la qualité première de l’immortel gerfaut n’est -elle pas de renaître de ses cendres » ? En tout cas, même s’il sait que ce sera long, Salif Sidibé, avec cet ouvrage en forme d’hymne à l’Afrique à ses traditions et à ses valeurs ancestrales, veut contribuer à cette renaissance.

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