A voir sur Canal+, « L’autre femme » : une chronique intime et sans tabou sur la transidentité en Nouvelle-Calédonie

A voir sur Canal+, « L’autre femme » : une chronique intime et sans tabou sur la transidentité en Nouvelle-Calédonie

Réalisé par le photographe calédonien Stéphane Ducandas avec la complicité de l’autrice Cécile Rivière, le film « L’autre femme » nous immerge dans le quotidien d’une relation mère-fils d’un genre différent avec comme décor la construction d’une nouvelle identité. Diffusé le 29 octobre prochain sur Canal+, l’œuvre est une véritable aventure humaine et un acte militant pour montrer l’importance des liens familiaux quelle que soit son identité. A voir.

Il fallait une sacrée dose de culot pour oser s’attaquer à ce phénomène de la transidentité – un phénomène très présent dans le Pacifique – et pour surtout le proposer à une chaîne nationale, fut-elle cryptée. C’est le pari qu’a réussi le Calédonien Stéphane Ducantas qui a posé avec délicatesse et un certain tact son regard de photographe, son métier d’origine, sur cette histoire en réalisant avec la complicité de l’autrice Cécile Rivière « L’autre femme », un film plein de sensibilité et de générosité.

« L’autre femme » nous plonge dans la réalité quotidienne de Max et Amour qui vivent en colocation dans un petit appartement à Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie. Max vient d’avoir 30 ans. Il est né à Wallis-et-Futuna dans un corps de femme. Autrefois prénommée Maketalena, il a refusé cette identité de femme et a recouru à la chirurgie pour se transformer en homme.

Dans sa quête d’une nouvelle identité, il a rencontré Amour – Pierre dans un lointain et mauvais souvenir – une femme transgenre de 57 ans qui, opérée à l’âge de 30 ans, s’est investie corps et âme dans la promotion et l’insertion des transgenres en Nouvelle-Calédonie. En tant que présidente du comité d’organisation, elle coordonne l’élection de « Miss Papillon », une élection transgenre très prisée en Nouvelle-Calédonie.

Un regard subjectif

Cette rencontre a transformé la vie de ces deux êtres. Pour l’un, alors que tout paraissait insurmontable, c’est une forme de résilience, tandis que pour l’autre, c’est la résurgence de son instinct maternel. Car de cette rencontre est née une relation mère -fils, certes d’un genre différent, avec comme décor la construction d’une nouvelle identité. Cependant, pour forger sa nouvelle identité, Max retournera-t-il, dans un voyage fondateur, vers ses racines culturelles et familiales, comme le lui conseille Amour ? Rien n’est moins sûr tant ce voyage peut être synonyme d’incompréhensions, de rejet voire d’hostilités.

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C’est dans ce décor que nous immergent Stéphane Ducantas et Cécile Rivière avec « L’autre femme » qui posent un regard subjectif sur ces deux personnages et leur problématique, en ne cherchant surtout pas à faire une description objective de la transidentité et en ayant pour ambition d’outrepasser les clichés généralement admis sur ce phénomène social.

Une aventure humaine et un acte militant

Le film se construit au fil du quotidien d’Amour et de Max, en quelque sorte la mère spirituelle et le fils de coeur. C’est une chronique intime et sans tabou de leurs relations partagées. Il s’agit ici de « dévoiler des hommes et des femmes, dont la valeur des relations est conditionnelle quel que soit l’apparence ou le genre », assurent Stéphane Ducandas et Cécile Rivière.

« Les personnages inspirent par leur volonté, leur singularité et leur capacité à affronter le quotidien », plaident les auteurs pour qui, c’est d’abord « l’histoire d’une transmission d’une relation complice et tendre ponctuée de doutes et d’évidences, de joies, de douleurs, de rires et de colères. Une histoire qui répare, qui relie et qui rapproche », enchérissent-ils. Bref, le film veut « révéler l’Humain dans toute sa diversité, mais aussi dans toutes ses similitudes : un enfant, sa mère, sa famille, ses projets », insistent-ils.

Une « sacrée aventure humaine » et un acte militant de la part notamment des personnages qui se sont exposés sans fard pour toucher les gens et montrer qu’une personne transgenre est d’abord une personne. Humain tout simplement. Le film coproduit par Canal+, EthnoTracks Prod, Mérapi Prod et Outremers360°, d’une durée de 53 minutes, sera diffusé le jeudi 29 octobre prochain à 20 heures sur Canal+. Il sera également disponible sur MyCanal.

EB

Avant-première au Centre culturel Tjibaou : 

Le film « L’autre femme » sera projeté en avant-première le mardi 27 octobre dans la Salle Sisia du Centre culturel Tjibaou, en Nouvelle-Calédonie. L’entrée est libre et gratuite, dans la limite des places disponibles.

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