Une étude menée conjointement par plusieurs organismes révèle que la mise en place des aires marines protégés ne protègent pas suffisamment la diversité du patrimoine génétique des coraux et des poissons tropicaux.
Il faudra faire encore des efforts pour préserver la faune marine ! C’est le constat qu’établit une étude produite par l’Université d Montpellier, l’IRD et le CNRS publiée dans la revue Nature Communications le 12 janvier. Selon ces scientifiques, les aires marines protégées assurent actuellement la préservation de seul 17,6% de l’arbre de la vie des poissons et 1,7 % de l’arbre de la vie des coraux. On entend par le terme « d’arbre de vie », l’histoire évolutive accumulée au cours des temps géologiques. Outre les atteintes aux espèces par les activités humaines ou climatiques, c’est aujourd’hui la patrimoine génétique de cette faune marine qui est aujourd’hui menacée. Ainsi, ce faible pourcentage de protection de la diversité du patrimoine génétique peut s’expliquer par le nombre encore insuffisant d’aires marines protégées. On décompte aujourd’hui 3 625 sur les récifs coralliens qui couvrent une surface totale de 942 568 km2, soit près de 6% de la surface maritime mondiale. À l‘origine leur but des aires marines protégées était de conserver la diversité d‘espèces, par opposition à la diversité évolutionnaire, mais le rapport soutient ce dernier est un composant critique de biodiversité.
L’équipe internationale de chercheurs menée par David Mouillot souligne que « Les branches de l’arbre de la vie qui subissent un déficit de protection correspondent souvent à des lignées d’espèces très spécialisées remplissant des fonctions uniques dans les écosystèmes (par exemple, le corail en corne de cerf des Caraïbes) ». L’étude met également en exergue la nécessité de recentrer les efforts de conservation sur les régions concentrant les lignées anciennes et mal protégées les plus exposées aux activités humaines notamment dans l’Atlantique, le Pacifique Sud-Est et l’océan Indien. Pour le professeur Bellwood, la méthode d’élaboration des aires marines est aussi à revoir. « Nous tendons à mettre des aires marines protégées, dans une plus ou moins large mesure, où les humains les veulent et pas où ils sont nécessaires», indique-t-il. Dans son discours, ce chercheur australien a soulevé d’autres limites de ces espaces protégées. « 90% des récifs coralliens du monde n‘ont pas la protection appropriée. La difficulté est, le mortalité des récifs se produit même avec des zones protégées de marine. Ces secteurs se protègent contre la pêche et l‘activité extractive, mais ils ne peuvent pas protéger le blanchiment de récifs, l‘entrée de sédiment et le changement climatique. » Selon lui, le changement climatique reste le problème numéro un. Dans son plan stratégique 2011-2020, la Convention sur la Diversité Biologique (adopté en 1992) envisage qu’« au moins 10 % des zones marines et côtières » soient classées en AMP.