Opération « Place nette » à Mayotte : Un « acte 2 », un an après Wuambushu, pour « le retour de la paix social et de l’ordre républicain » sur l’île

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Opération « Place nette » à Mayotte : Un « acte 2 », un an après Wuambushu, pour « le retour de la paix social et de l’ordre républicain » sur l’île

Près d’un an après l’opération Wuambushu, la ministre déléguée chargée des Outre-mer Marie Guévenoux a détaillé ce mardi l’opération « Place nette », débutée ce matin, et présentée comme un « acte 2 » visant au « retour de la paix sociale et de l’ordre républicain » sur l’île. 

« 1 700 femmes et hommes, policiers, gendarmes et militaires », dont 400 déjà mobilisés ce matin à Doujani et dans un quartier de Dembéni, Marie Guévenoux a détaillé ce mardi une opération de « grande ampleur » qui a débuté « aux premières lueurs du jour », pour le « retour de la paix sociale et de l’ordre républicain ». Comme Wuambushu, cette opération, qui durera jusqu’à juin, entend lutter contre l’insécurité, immigration illégale et habitat indigne.

Sur les « enjeux sécuritaires », « en lien avec le parquet, nous avons identifié 60 individus qui constituent des cibles prioritaires » a annoncé Marie Guévenoux, entourée ce matin des directeurs de la Gendarmerie nationale, Christian Rodriguez, et de la Police nationale, Frédéric Veaux, par ailleurs ancien préfet de Mayotte. « Pour augmenter les reconduites d’étrangers en situation irrégulière vers les pays africains des Grands lacs, et avec le soutien du ministre des Armées Sébastien Lecornu, les Mahorais pourront compter sur le soutien de nos Armées » a aussi assuré la ministre.

Plus précisément : six opérations terrestres militaires seront menées avec une section de 30 hommes. Deux vedettes côtières de la Gendarmerie maritime assureront une permanence en mer. Un bâtiment de la marine sera mobilisé dans le Canal du Mozambique, en haute mer, pour bloquer la route des Grands Lacs. Un avion civil multipliera les heures de vol au-dessus et au large de l’île. Et les capacités de rétention sur l’île seront augmentées avec la création d’un quatrième local de rétention administrative temporaire.

Mayotte, « territoire prioritaire de l’État »

Sur l’habitat indigne, le gouvernement vise la destruction de 1 300 « bangas ». En parallèle, une enveloppe exceptionnelle de 5 millions d’euros supplémentaire est octroyée pour reloger les familles sur place, en lien avec le ministre du Logement. Au total : « Mayotte Place Nette représente la mobilisation d’environ 1 700 femmes et hommes mobilisés sur le terrain pour mener à bien ces opérations ». Un « ratio sans commune mesure » assure la ministre, soit « 1 gendarme pour 350 habitants à Mayotte, contre 1 pour 100 000 dans l’Hexagone ».  

« Nul ne peut rester indifférent face aux difficultés que vivent chaque jours nos concitoyens mahorais » a insisté la ministre, qui, face à une île « marquée par des crises à répétitions », assure de la part de l’exécutif une « réponse forte », faisant de l’île un « territoire prioritaire de l’État ». « En six ans, nous avons répondu au défi sécuritaire de Mayotte à travers des actions concrètes » a-t-elle aussi rappelé, citant le doublement des effectifs de police et de gendarmes, la pérennisation de quatre unités de forces mobiles, ou encore la création d’un détachement permanent du RAID en complément des militaires du GIGN.

« Aucune majorité ne l’avait fait », martèle Marie Guévenoux qui évoque aussi l’opération interministérielle Shikandra en 2019, qui avait mobilisé en son temps des radars, des avions de reconnaissance, des vedettes Marine et de la Gendarmerie. « En 4 ans, 26 000 personnes ont été interceptées en mer et plus de 2 100 kwassas ont été détruits. C’est ainsi plus de 110 000 étrangers en situation irrégulière qui ont été reconduits dans leur pays d’origine ».

Marie Guévenoux à Mayotte le 2 mai 

Pour la seule opération Wuambushu menée du 24 avril au 31 juillet, « plus de 510 agents du Ministère de l’Intérieur avaient été déployés en renforts à Mayotte, 1 000 individus ont été interpellés dont 60 chefs de bande, 592 passeurs, 700 bangas ont été détruits, et 25 000 étrangers expulsés, soit 84% de plus qu’en 2020 ». Et pour la ministre, les résultats sont visibles puisque « les principaux indicateurs relevant des atteintes aux personnes ont connu une baisse en 2023, après une hausse entre 2021 et 2022 ».

En parallèle, Marie Guévenoux affiche encore la volonté du gouvernement à supprimer le droit du sol. Une suppression qui fera l’objet d’un projet de loi constitutionnelle, tandis qu’un projet de loi ordinaire, sur la lutte contre l’insécurité et l’immigration illégale, mais aussi sur le développement économique et social, est toujours en préparation. Ces deux projets de loi devraient être présentés le 22 mai en Conseil des ministres. La ministre a enfin annoncé un nouveau déplacement sur l’île le 2 mai, accompagnée par des parlementaires.