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Depuis deux mois, Mayotte est au centre de l’actualité avec ses barrages, ses grèves… On découvre avec stupeur que ce territoire de 374 km2 qui a voté à plusieurs reprises par référendum son rattachement à la République n’a pas reçu de la France l’investissement ou plutôt les investissements auxquels elle pouvait prétendre depuis 1841. Pire elle fait l’objet depuis des années de vagues régulières de migrants en provenance des Comores et plus particulièrement de sa voisine d’Anjouan.
Mayotte accède au statut de département français sans qu’il n’y ait une véritable préparation: Désorganisation, absence de communication entre les services… Après avoir constaté tout cela le gouvernement décide d’envoyer un Préfet d’exception, Délégué du gouvernement entouré de conseillers de hauts niveaux.
Aujourd’hui 3 sources d’espoir:
– D’abord la réunion qui s’est tenue hier chez le Premier Ministre qui, comme pour la Nouvelle Calédonie monte au front et mouille la chemise. Edouard Philippe qui hier devant les délégations mahoraises a reconnu qu’il y avait un rattrapage important à réaliser . l propose des mesures concrètes :un rectorat pour Mayotte, une agence régionale de Santé, l’agrandissement de l’hôpital de Mayotte, l’allongement de la piste de l’aéroport, un périphérique à Mamoudzou.
On peut dire ouf après cette réunion puisqu’il n’a pas été question de sempiternelles vœux de creation d’une extraterritorialité de la maternité de Mayotte comme s’il existait dans le monde un lieu extraterritorial… une fabrique d’apatrides. Une hérésie conceptuelle que l’on nous sort régulièrement comme s’il pouvait exister 2 états civils dans la maternité de Mayotte: une française et une comorienne. Le fait que le Premier ministre n’ait pas ouvert la boîte de Pandore sur la question du droit du sol nous rassure.
Autre réaction à la crise mahoraise, celle du think thank Les Alizées qui dans une tribune épingle 3 urgences qui s’imposent pour sortir du piège mahorais. Le think tank Les Alizées propose un rattrapage accéléré en matière d’infrastructures et de services publics, la maîtrise des flux migratoires en provenance des Comores et enfin le renforcement du niveau de l’aide au développement de La France aux Comores.
En réalité il n’y a que deux solutions pour sortir de la crise mahoraise.
Première solution, aborder le problème sous l’angle de l’économie. Etablir un véritable plan de coopération régionale en essayant d’atténuer les disparités entre ce qui paraît être un îlot de prospérité, Mayotte, au regard de l’archipel des Comores, qui a l’air de déverser son trop plein de vie sur les rives de Mayotte.
Premier axe, la coopération : négocier avec le gouvernement comorien une aide sur des chantiers bien définis comme la santé, des filières agricoles, des infrastructures de transports, de façon à maintenir sur place les populations locales. Deuxième axe, sortir de la crise par l’émergence d’un réseau d’entrepreneurs à l’échelle de l’Océan Indien.
Deuxième solution, complémentaire de la première, aborder le problème sous l’angle politique. Poser la question de la stabilité du gouvernement comorien, prendre en compte la complexité des relations historiques entre Les Comores et la France d’une part, et entre les Comores et Mayotte spécifiquement d’autre part. Et c’est là le vrai nœud du problème.
Nous l’avons toujours dit, la meilleure façon de sortir de la crise à Mayotte reste la voie de l’économie avec comme corollaire une coopération régionale entre les états de la région, entre les acteurs économiques et politiques de la région.
Divine surprise ce matin Hassani Hamadi, gouverneur de la Grande Comore ( qui a fait la veille le voyage Comores – La Réunion) assistait à ce matin à l’assemblée de la Cité des Dirigeants. Une Société Coopérative d’intérêt Collectif au service de la transition socio-économique et environnementale de ses territoires animée par Christophe Di Donato et propulsée depuis quelques mois dans la zone OI. Dans son programme d’actions la Cité des Dirigeants travaille avec les territoires de la zone Océan Indien en aidant au développement de chacun des territoires de la zone : Comores, Mayotte, Madagascar et Réunion. La finalité : la transition des territoires; où chacun peut développer un hub économique avec de filières capables de créer et essaimer à partir des gisements et ressources des territoires : une sorte de matrice des conditions favorables à la fécondation de l’entrepreneuriat local.
Lors de cette assemblée où il a été question de valider un plan d’actions avec un centre de ressources des expériences et connaissances inédites & innovantes pour nourrir et accompagner les politiques publiques et économiques, deux laboratoires, quatre EIT pour co-concevoir, co-construire et co-porter le développement économique et un centre de perfectionnement aux affaires, gouverneur de la Grande Comore a fait un discours inspirant, rempli d’espoir pour son territoire, pour la coopération économique et sociale de la zone. Il a été question pour le gouverneur de proposer aux gouvernements français comme comoriens de se voir confier -via la Cite des dirigeants- la réalisation d’un rapport permettant à l’ensemble des acteurs des territoires d’identifier les filières créatrices de richesse, de proposer une structuration de filières identifiées, de formaliser un rapport de préconisions et de s’assurer (surtout) de la mise en oeuvre des actions par filières identifiées. Ça n’est pas sans rappeler le rapport Attali dans lequel .. le président Macron a participé et puisé une partie de son programme économique.
Concordance de pensées…c’est une idée qui avait été évoquée par le Président en campagne lors de son passage à Mayotte.
Luc Laventure